Où sont les extrémités du monde ?
Nous avons vu les routes en cul de vallée
Qui serpentent tel un torrent le pied des montagnes.
Nous avons vu les sommets avec les cairns et les panneaux
Comme pour signifier : " Vous êtes arrivés ".
Nous avons vu les forêts avec les cabanes
Et le bois sec déjà coupé.
Nous avons apprécié cette main de l'Homme
Qui nous a précédés.
Qu'y a-t-il aux extrémités du monde ?
Y trouve-t-on des humains
Et ramassent-ils leurs déchets ?
Produisent-ils des déchets ?
De tous les bouts de monde que j'ai vus
J'y ai cherché les bords,
les extrémités sauvages.
Est-ce pour la solitude ? Non.
Si elle est préférable à tout un peuple qui s'ignore,
Elle a un goût de manque, d'insuffisance.
Je cherche les rencontres du bout du monde.
Où chacun faisant son tour,
On finit par se retrouver
A l'ombre d'un arbre ou dans une chaumière.
Ces rencontres au coin des bords sont une pause,
Le meilleur moment du voyage
Où tout s'arrête pour tout raconter.
Les récits soulagent les marcheurs des Extrémités
Qui repartent avec en tête de nouveaux endroits où aller
Et se poser.
Car l'activité favorite du randonneur est de s'arrêter.
Nous avons fui le train, le métro et les autoroutes pour pouvoir décider Exactement de l'endroit où l'on veut s'arrêter.
Aux extrémités du monde, il n'y a pas d'aires
Ni de parc pour se reposer
Tout est déjà en suspend
Prêt à s'écrouler
Et le lendemain
Recommencer.
Le bout du monde est immobile comme une aiguille
Il n'y a que le temps pour le faire tourner.
Et nous tournons avec, dans le sens inverse de la société
Qui n'a pas compris qu'à trop creuser vers le centre
Elle se fera brûler.
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